« On a oublié la pluie » : à Yaoundé, capitale du Cameroun, un projet de gestion de l’eau pare aux inondations

Source(s): African Development Bank

Florence Latila se souvient des destructions causées par les inondations à Yaoundé, la capitale camerounaise, pendant plus de trois décennies à partir de 1980.

« Quand il pleuvait, l’eau pouvait m’arriver à la taille, il était impossible d’accéder à la zone où je travaillais pendant plusieurs jours », raconte Mme Latila.

Sur les 26 millions d’habitants que compte le pays, environ 2,8 millions résident à Yaoundé. Entre 1980 et 2014, plus de 130 inondations ont frappé la capitale, provoquant décès et dégâts matériels.

À 42 ans, Mme Latila travaille dans un entrepôt du marché de Mfoundi depuis plus de dix ans. Auparavant, les inondations étaient fréquentes à cet endroit.

Dans le centre-ville de Yaoundé, l’avenue Kennedy et le marché de Mfoundi ont été gravement touchés par des inondations en 2018 et 2019, à la suite de pluies exceptionnelles et des canaux obstrués, encombrés de déchets plastiques et de pneus, notamment.

« Quand l’eau affluait, elle transportait toutes les saletés. On passait beaucoup de temps à nettoyer après chaque inondation. L’accès pour les gens, les voitures et le stationnement était très difficile. Les inondations ont détruit nos produits et nos marchandises, on a dû les retirer rapidement. Cela a eu un impact considérable sur notre travail, nos revenus et sur notre vie. »

Depuis 2005, le gouvernement camerounais œuvre à limiter les inondations et leur impact sur les conditions socio-économiques dans la capitale, grâce à des financements de la Banque africaine de développement, de l’Agence française de développement et du Fonds pour l’environnement mondial.

Le Projet complémentaire d’assainissement pluvial durable de la ville de Yaoundé et son prédécesseur, le Projet d’assainissement durable de la ville de Yaoundé, partagent un même objectif : améliorer la gestion des eaux pluviales et l’hygiène, et assurer l’intégration harmonieuse des infrastructures.

Les 17 kilomètres de canaux construits lors des première et deuxième phases du projet sur les cours d’eau qui drainent la ville de Yaoundé ont permis de réduire significativement la fréquence et l’impact des inondations dans la zone ciblée.

« Depuis la construction du pont, aucune inondation n’a eu lieu dans la zone. On n’est plus submergé d’eau, tout va bien », sourit Mme Latila. Elle se souvient : « J’avais constamment les pieds dans l’eau. Et quand l’eau se retirait, elle laissait de la boue qui attirait les moustiques, on tombait souvent malade. »

Auparavant, le fleuve Mfoundi débordait à chaque saison des pluies. Le fleuve, qui charrie 80 % environ des eaux de surface de la ville, sortait souvent de son lit, inondant les terres environnantes.

Hervé Massa, 30 ans, employé dans un magasin d’engrais, au marché de Mfoundi raconte : « L’eau du fleuve pénétrait dans le magasin et on perdait beaucoup de produits, ce qui nous créait d’énormes pertes financières. S’il pleuvait le matin, cela signifiait que nous n’aurions pas de clients ce jour-là : il n’y avait pas d’accès à la route quand il pleuvait. Depuis que les travaux sont finis, on a oublié la pluie. »

« Le projet d’assainissement de Yaoundé a permis de diviser par cinq le nombre d’inondations dans la capitale camerounaise (de 15 à 3), mais la lutte contre le changement climatique se poursuit toujours », précise Eboueme Bountsebe, spécialiste principal en eau et assainissement à la Banque africaine de développement. Et de souligner : « La Banque est véritablement engagée dans le renforcement de la résilience du Cameroun face aux effets néfastes du changement climatique à Yaoundé. »

Le projet comprend l’élaboration d’un plan de prévention et de gestion des inondations pour la ville de Yaoundé, la construction de bassins de régulation pour réduire le débit des eaux dans le fleuve Mfoundi, et l’installation d’un réseau d’équipements de mesure hydrométéorologique notamment.

« Deux phases du projet ont été mises en œuvre jusqu’ici, visant à améliorer les conditions de drainage des eaux pluviales et les conditions de santé et d’hygiène », indique Gérard Essi, coordinateur du projet avant d’ajouter : « Nous avons organisé plusieurs formations sur la gestion des déchets et le changement climatique, mais aussi sur la santé. De fait, nous avons réhabilité trois hôpitaux de district et fourni des équipements médicaux pour assurer une meilleure prise en charge des patients et améliorer la santé de la population. »

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Country and region Cameroon
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